Il est fallu de peu ou d’une fraction d’inattention de leurs adversaires pour que le FC Bienne ne réussisse à rajouter une victoire supplémentaire à leur escarcelle, la seconde depuis la reprise. Les Séelandais ont pris la mesure de Neuchâtel Xamax FCS d’entrée en seconde période sur pénalty. Malgré une égalisation temporaire vingt minutes plus tard, les hommes de Patrick Rahmen sont finalement parvenus à s’assurer trois nouvelles unités à leur compteur en concluant la rencontre sur un flamboyant 4-1 (voir les photos). Avec 14 buts à leur actif et un match en retard, le FC Bienne surfe sur une toute autre vague que la saison précédente. Un renouveau au parfum de victoire. Focus.
Il y a quelques mois, au début des vacances, le sort du FC Bienne semblait scellé. Auteurs d’une saison jonchée d’obstacles et d’une grande déveine, les Séelandais avaient vu tomber la sentence sportive de la relégation. Les efforts qu’ils avaient amassés une saison durant avaient été vains; le club qui inaugurait alors son stade flambant neuf devait se résoudre à le baptiser en Première Ligue Promotion. Ces instants d’incertitude avaient d’ores et déjà validé les départs de nombre de ses joueurs comme Norman Peyretti (transféré au FC Thoune), Luis Pimenta (Le Mont LS), Mirko Salvi (FC Bâle) ou encore Mustafa Sejmenovic (Neuchâtel Xamax FCS). Mais le sort joue en faveur du club biennois. Le Servette FC, sur la sellette de la rétrogradation financière, ne se vit pas recevoir la licence tant convoitée pour conserver son droit de jeu dans le championnat de la Swiss Football League. Pour certains, les dés étaient pipés, pour les autres, ce retournement de situation était perçu tel un incroyable signe du destin, un coup du ciel pour les anciens pensionnaires de la Gurzelen. Au final, un nouveau stade et un renouveau sportif; le FC Bienne se veut désormais de démontrer que son immunité n’a rien de frivole. Une mission à la portée de Patrick Rahmen et de ses nouvelles recrues.
Jérémy Manière répétait haut et fort en zone mixte du Stade de la Maladière que l’objectif de son équipe « est de terminer parmi les cinq premières places du classement ». Une volonté bien ancrée chez les dirigeants et les supporters du club qui ne s’exprime uniquement par la démonstration sur la pelouse. On le sent, on le sait, aucune parole ne semble vide de sens dans le discours des intéressés quand on voit la douloureuse épreuve qu’a fait subir le onze biennois aux hommes de Roberto Cattilaz à la Maladière ce week-end. Bien que gagner soit de base méritoire, la manière avec laquelle ils y parviennent l’est encore plus: solidité défensive, attaque impétueuse et perfidie audacieuse, les Biennois pourraient bien, dans un futur non improbable, se porter candidats d’une promotion historique mais encore bien ambitieuse. Toutefois, grandis de leur mauvaise expérience de la saison passée, les Séelandais ont su savourer, ces premières semaines, leur excellent début de championnat, « un championnat homogène » comme le concordent à dire Jérémy Manière et Andelko Savic à l’interview, les deux adversaires du jour.
Un mercato sous les meilleurs auspices
Un comportement irréprochable, un flegme déconcertant et la justesse des mouvements ont eu raison, dimanche après-midi, d’un Neuchâtel Xamax timide. Le FC Bienne a démontré, à la Maladière, avoir le talent et la teneur d’une grande équipe. Performante et opportuniste à souhait, la pointe de l’attaque biennoise a su saisir les bonnes occasions pour pousser les rouges et noirs dans leurs ultimes retranchements. Cette très belle performance est pourtant le fruit d’un mercato lucide et efficace qui a permis la venue de grands sportifs à la Tissot Arena. Parmi ceux-ci, l’ex-zürichois Maurice Brunner, la jeune pousse bâloise Valentin Hayoz, Antonio Marchesano (ex-Winterthur), le solide portier Jérémy Frick (ex-Servette et Olympique Lyonnais) et Benjamin Kololli (en provenance du Mont sur Lausanne), sans oublier les brillants titulaires de Super League, l’avant-centre Kwang Ryong Pak (transféré du club Liechtensteinois Vaduz) et le défenseur Beg Ferati (prêté par le FC Sion). Avec une telle équipe recomposée, il y a fort à parier que le FC Bienne ne soit pas engagé dans le championnat mineur de la Swiss Football League pour faire de la figuration. C’est ainsi, avec un onze biennois fort d’une charnière défensive affermie avec les ailiers Ivo Zangger et Thomas Fekete, que les hommes de Patrick Rahmen s’en sont allés crucifier les Neuchâtelois sur leurs terres. Face aux hommes de Roberto Cattilaz, le FC Bienne a démontré, en outre, une très grande cohésion dans son jeu; une équipe solidifiée et solidaire – avec un redoutable tandem Kolloli-Pak en attaque et Marchesano en perspicace meneur de jeu – qui a largement mis à mal la défense de Xamax. Comme le confirmait le milieu neuchâtelois Freddy Mveng en interview, « [Xamax] a des absences et on laisse trop d’espace derrière« . Des espaces qui, cumulés à des instants de déconcentration, ont scellé le sort des siens. À Freddy de conclure: « Quand l’adversaire joue une jeu direct, on est en place. Or, on se fait avoir quand on s’y attend pas » – La prochaine rencontre sera face à Aarau, un adversaire contre lequel la victoire est nécessaire: « On veut gagner chaque match, pas seulement parce que c’est Aarau« .
Astor Kilezi: « Une victoire logique »
Actif et engagé, Astor Kilezi représente mieux que n’importe qui la jeunesse au sein du contingent biennois. De classe 1996, il est le plus jeune joueur de l’effectif séelandais à avoir été aligné cette saison. Et pour ce jeune homme, le potentiel du FC Bienne est indéniable, son succès coule de source. En interview d’après-match sur le terrain de la Maladière, la jeune pousse en provenance de Delémont caractérise avec ces mots le succès des siens face à Neuchâtel Xamax FCS: « On a eu un bon début de match mais malheureusement, on n’a pas réussi à concrétiser toutes les actions que nous nous sommes procurées. Mais nous avons réussi à dérouler donc on peut dire que c’est une victoire assez logique« . Il poursuit ainsi: « Je peux vous dire que l’équipe a fait le travail et tout le mérite nous revient« . Et le mérite est d’autant plus éclatant que Bienne était au bord de la relégation il y a maintenant deux mois. C’est indéniable… Le club du nord de la Suisse a eu la force de rebondir: « Bienne est une grande ville donc nous nous devons d’offrir une bonne équipe de football – affirme Astor avant de conclure – Avec tous les investissements que le club a faits sur les joueurs, ça prouve que l’équipe est en bonne santé et veut produire du bon jeu« .