Sensationnel, le match d’ouverture de la saison lausannoise a promis un spectacle sans précédent à la Pontaise. Le FC Lausanne-Sport a battu le FC Bienne 5-4 en remontée après avoir été mené 4-1 à un quart d’heure du terme. Chronique d’une rencontre à suspense.
Incroyable, magique, phénoménal, sensationnel ; les termes sont nombreux. Au stade de la Pontaise, peu ont été les occasions de retrouver des sensations aussi fortes pour les habitués et abonnés du FC Lausanne-Sport. Stupéfaits et enthousiastes à la fois, les 3’050 spectateurs présents pour la première de la saison 2015/2016 du club de la capitale olympique en Challenge League ont assisté à un scénario inédit ; une victoire à l’arraché des hommes de Fabio Celestini après avoir été menés 3-0, puis 4-1 par un FC Bienne déterminé et courageux. À la recherche d’une qualité certaine dans son équipe, le Président du club lausannois ne cachait ni son émotion, ni sa satisfaction au terme de la rencontre (interview à lire ici). Le même enthousiasme est d’ailleurs partagé par le latéral Numa Lavanchy de retour à Lausanne après avoir passé une saison en prêt chez les voisins du Mont : « Le premier match d’une saison est toujours important et on voit que, même si on joue bien au ballon, on peut se prendre des buts. Mais on y a cru, on savait qu’on était bien organisés défensivement en première mi-temps, on a eu des grosses occasions et on a su adopter un état d’esprit différent ». Mais si le LS est parvenu à glaner les trois premières unités à leur compteur, la page biennoise reste tout de même marquée par des performances mitigées : « Il y a eu beaucoup de nervosité pour cette première rencontre. Mais il y a quand même certains points à améliorer. Il faut absolument qu’on retravaille au niveau défensif parce qu’on ne pourra pas se permettre de se prendre quatre buts à chaque fois » affirme Lavanchy.
Une formation inédite et persévérante
En 4-4-2, l’équipe lausannoise dispose et disposait de talents indiscutables ayant, encore samedi soir face aux séelandais, prouvé tout leur talent. À l’image d’un Alexandre Pasche, mué en demi d’extérieur pour cette première échéance et décisif à souhait (il a marqué un doublé, but à la 65e et 84e minute), la formation vaudoise est parvenue à émettre une bonne impression en première période. S‘étant procuré une kyrielle d’occasions, plus précieuses les unes que les autres, le Lausanne-Sport a éveillé une facette lumineuse de son escouade. Frappes lourdes et puissantes de Romain Dessarzin, fulgurances de Quentin (Kwamé) Rushenguziminega, solidité et cohésion – bien que partielles, encore et parfois – de l’absoluité de l’équipe ou encore une maturité exacerbée de ses nouvelles et anciennes recrues ; les lausannois ont minutieusement opéré, durant la pause estivale, la culture de la bonne image. À défaut d’atteindre la plénitude technique et physique chez ses joueurs, les dirigeants vaudois ont misé, à juste titre, sur un contingent jeune et indigène. Les Vaudois sont efficacement sous les feux de la rampe et traitent avec magnificence un football attrayant. Ce LS a démontré sa capacité de construction de jeu sur le terrain et on y retrouve la présence active et volontaire d’une jeunesse dévolue à sa passion du ballon rond. Plaisance et persévérance, aucun terme n’est apte à mieux résumer la performance des Lausannois ce samedi soir. Comme en témoigne Numa, « il faut retenir l’efficacité offensive de cette équipe. On a été très bons sur les coups de pied arrêtés en seconde période et ce sont des signaux positifs ». Toutefois, comme annoncé en préambule, la page n’est pas totalement blanche…
Des alertes à considérer
Le contingent à disposition de Fabio Celestini n’est pas totalement aseptisé, ni totalement fortifié en terme de potentialité. La transition entre le milieu de terrain et l’attaque est à améliorer. À l’aune d’un Hélios Sessolo en plein stage d’adaptation au sein du groupe lausannois, l’équipe entière se doit de retravailler sa cohésion pour assurer une majeure solidité sur le terrain. Mais au delà du réel et habituel problème d’intégration des nouveaux arrivants, c’est sur le plan des individualités que le FC Lausanne-Sport a cueilli certaines difficultés pour son premier match de championnat.
Face à Bienne, la rentabilité de Jocelyn Roux dans son rôle d’opportuniste et d’Elton Monteiro en tant que pilier de la défense lausannoise ont été moindres. Qualités formelles et manifestes mises à part, la prestation des deux hommes ont causé un certain nombre de failles tant offensivement que défensivement. Au niveau défensif, le Portugais formé à Sion s’est rendu responsable de quelques fragilités et certaines de ses erreurs ou largesses ont permis au FC Bienne de gagner du terrain sur leurs adversaires. De l’autre versant, au niveau offensif – outre les précieuses occasions créées en première mi-temps – la décision de faire cohabiter deux attaquants visiblement très « solistes » – Kwamé et Roux ¬– semble avoir été plus nuisible que bénéfique. Connu pour son talent d’attaquant de pointe qu’il a notamment mis en vitrine lors de son passage au Servette FC la saison dernière, Jocelyn Roux a sans doute manqué de place sur sa ligne offensive. La question tactique à analyser serait celle de repenser un positionnement stratégique afin de bénéficier et de favoriser au mieux de la qualité de chacune des individualités de l’équipe. Un retour ou passage à un 4-5-1 pourrait peut-être permettre à Roux (ou Kwamé) de disposer seul du rôle prépondérant de buteur. L’ex-servettien, sorti à la 65e pour le milieu de terrain Xavier Margairaz, semble avoir justement permis une ouverture non préjudiciable au secteur offensif lausannois, lancé par la suite, à un incroyable retour en force sur le score nettement défavorable. La suite du championnat, et notamment le prochain déplacement à Neuchâtel, saura répondre à ces sollicitations tactiques.