Antonio Conte et Leonardo Bonucci vantent les mérites de l’Italie

Antonio Conte (sélectionneur) et Leonardo Bonucci (défenseur) ont répondu aux questions des journalistes italiens en conférence de presse à Genève. © Oreste Di Cristino

À Genève, si le Servette FC a perdu son droit de jouer en Challenge League, les amateurs de football pourront au moins profiter d’un match aux allures extraordinaires à La Praille. En effet, l’Italie affrontera mardi 16 juin 2015 le Portugal dans une rencontre amicale de prestige et qui marque un temps d’arrêt aux qualifications à l’Euro 2016 en France. Antonio Conte et son défenseur, Leonardo Bonucci affirment, en conférence de presse, les enjeux pour la Squadra Azzurra.

Après une séance d’entraînement sur le tapis vert du Stade de Genève, l’entraîneur de la Nazionale, Antonio Conte, s’est rendu lundi soir, accompagné de son défenseur Leonardo Bonucci, en conférence de presse pour y affirmer les enjeux et l’importance de la confrontation amicale qui opposera ses hommes aux Portugal mardi soir. Après une campagne – loin d’être achevée – de qualification pour la prochaine Coupe d’Europe en France en 2016, les deux sélections se retrouveront mardi en Suisse pour y expérimenter de nouvelles formules de jeu. Les Italiens auront à cœur de profiter de ce nouveau rassemblement national pour mettre au point les tactiques de jeu en vue d’un succès au prochain Euro.

Peu de temps pour la Nazionale

Cela peut paraître dérisoire et pourtant, il constitue un débat important en Italie. Entre les matches de championnat, l’intérêt égoïste des clubs transalpins et un calendrier souvent très chargé, peu de temps est consacré à la nationale italienne. Alors qu’en Allemagne, en Espagne ou encore en France, joueurs et clubs se dévouent à l’équipe nationale, en Italie, la conjoncture et les mentalités ne permettent pas un rassemblement constant des joueurs italiens pour travailler ensemble avec le maillot azzurro. C’est pourquoi, pour l’entraîneur Antonio Conte, chaque minute, chaque entraînement compte beaucoup pour la progression mutuelle des joueurs et de l’équipe: « Pour arriver à des résultats, il faut travailler et il faut surtout savoir profiter du temps qui nous est mis à disposition pour accomplir notre travail ». Des paroles que valide également Bonucci, leader de la défense italienne: « Le but de notre présence ici est de prouver notre valeur. Et cette tâche est d’autant plus importante car nous n’avons que très peu de temps pour les faire valoir ». Ainsi, si le temps est compté, pour les Italiens, le devoir de fournir une belle prestation face aux hommes de Fernando Santos s’impose.

Pour l’entraîneur italien, le travail n’est pas complet s’il ne s’aide pas de la passion. Être passionné implique une dose de sacrifice couplée à une volonté de faire ses preuves. Voilà souvent une critique adressée à la Squadra Azzurra, une nationale dénuée de sentiments: « Notre équipe a beaucoup de possibilités – avoue Conte. Mais [celles-ci] ne sont possibles que s’il y a de la passion et de l’enthousiasme. Le sacrifice fait et doit faire partie de l’ADN des joueurs si nous voulons aller de l’avant ». Toutefois, Conte parle également d’un mental à construire. Penser à la victoire et oublier la défaite fait partie du travail à réaliser: « Je travaille beaucoup également sur la tête des joueurs. Ce sont des personnes qui n’aiment pas le mot “défaite”. Ainsi, j’insiste beaucoup sur la dichotomie “gagner-perdre” pour mobiliser mes joueurs. C’est pourquoi, lors de ce match amical contre le Portugal, il va falloir tout donner pour démontrer nos capacités à gagner des rencontres importantes. La Nazionale doit être une finalité et non un moyen. Jouer pour l’équipe nationale doit être stimulant ».

L’aventure en tant que sélectionneur

Face au Portugal, Antonio Conte réalisera son dixième match en tant que sélectionneur de l’équipe d’Italie. En conférence de presse, il présente un premier bilan personnel: « Celle-ci a été une année complètement différente pour moi. Être sélectionneur implique de porter sur l’équipe un regard nouveau. Aujourd’hui, j’ai pris conscience du travail accompli jusqu’ici; le bien, le mal, mais en somme, il y a eu peu de discussion et beaucoup de travail. C’est primordial. Les gens qui me connaissent savent qu’il y a eu des moments passablement difficiles mais à aucun moment, j’ai voulu abandonner. La Nazionale est propriété de tous et en être le sélectionneur me remplit de beaucoup de responsabilités ». Aujourd’hui, l’objectif reste simple: progresser en vue de la prochaine échéance. L’Euro 2016 semble être un objectif considérable pour les finalistes de la précédente édition (l’Italie avait été battue en finale en 2012 par l’Espagne, 4-0). Un objectif qui orne les débats ce lundi soir au Stade de Genève. « L’Euro 2016 en France est l’objectif principal. Le reste est relatif. C’est la conclusion à laquelle je suis arrivé depuis que j’ai accepté ce poste à la tête de l’équipe. Je sais que j’ai travaillé avec volonté et passion et je suis content de poursuivre cette expérience belle et formative qui me sera utile de tous les points de vue ».

Bonucci, un leader confirmé ?

Le défenseur de la Juventus de Turin, récent finaliste malheureux de la Ligue des Champions est perçu par l’assistance comme un leader incontesté et incontestable de cette formation italienne. Celui qui jouera, mardi soir contre le Portugal, son 60e match de la saison (son 46e en azzurro), témoigne toujours avec autant d’entrain sa position au sein de l’effectif transalpin: « Le match contre le Portugal sera à haute tension. Comme toujours d’ailleurs. Je prends tous les matches à cœur. J’ai désormais acquis une maturité qui me permet plus facilement d’être concentré et prêt pour n’importe quelle situation de jeu ». La sagesse avec laquelle le défenseur répond aux questions des journalistes incube son caractère et ses talents de leader du groupe italien. Pour le natif de Viterbe (Italie), il n’est cependant pas de rigueur de conserver les éloges pour son propre chef: « Moi, leader ? C’est grâce au groupe. Il y a un super mélange intergénérationnel [entre les joueurs] et je suis content d’avoir pu autant jouer avec la Nazionale. De plus, ensemble, on est parvenu à une note positive en terme de réalisation. Après le Mondial [2014 au Brésil], c’était une tragédie (ndlr, l’Italie a été éliminée aux poules). Mais il faut saluer le travail du Mister (ndlr, Antonio Conte) et son intelligence d’avoir modifié au meilleur moment notre formation. Il a cousu de ses propres mains notre nationale et mis en œuvre un super 3-5-2, décisif lors de nos victoires ».

Le onze de base probable

Le point sur les individualités pour conclure. En début de conférence, Antonio Conte dévoile une première formation possiblement présente aux starting blocs du match face au Portugal. Au but, suite à l’absence sur blessure de Gianluigi Buffon, se trouvera Salvatore Sirigu (PSG). En défense, Conte imposera une lignée à quatre composée de De Sciglio (Milan), Barzagli (Juventus), Bonucci (Juventus) et Darmian (Torino). Au milieu de terrain, Pirlo (Juventus) reste un incontournable. Toutefois, et malgré l’absence de Marco Verratti, les jeunes auront de l’espace et du temps de jeu confortables. À soutenir le meneur de jeu de la Juventus au milieu de terrain seront alignés Soriano (Sampdoria) et Bertolacci (Genoa). En attaque, se dressera un trio de prestige: Immobile (Borussia Dortmund) en position d’avant-centre, soutenu sur les ailes par Candreva (Lazio) et El Shaarawy (Milan). En 4-3-3, formation de départ, Antonio Conte comptera tester différentes situations et systèmes de jeu afin de cerner au mieux les capacités de divers de ses jeunes joueurs: « Nous aurons la possibilité de faire six changements; nous en profiterons. Des joueurs comme Sansone (Sassuolo) sont en train de bien s’intégrer, comme l’a fait également fait Bonaventura (Milan) (ndlr, pas sélectionné mardi) dernièrement. J’aime ces jeunes car ils démontrent de l’enthousiasme et l’amour du maillot azzurro ».

La jeunesse est un point fondamental de la révolution Conte. Depuis son arrivée, l’ancien entraîneur de la Juventus a déjà repéré de nombreuses perles jamais passées sous le microscope de précédents sélectionneurs, tels Prandelli ou encore Donadoni. Dans son souci de promouvoir une nouvelle Nazionale, Conte a appelé à jouer avec le maillot national Zaza (Sassuolo), Vazquez (Palermo) ou encore Pelle’ (Southampton) ; trois nouvelles recrues qui satisfont également un compartiment laissé vacant depuis l’éviction de Mario Balotelli ou encore le départ d’Antonio Cassano. Toutefois, l’Italie manque cruellement d’une star, d’un goleador à la Ronaldo, d’un bomber à la Cavani… Est-il possible de percer sans grande personnalité de but ? « Les succès viennent toujours grâce au mérite du groupe – affirme Conte. C’est au sein de l’équipe que naît le talent. C’est justement ce à quoi nous sommes amenés à travailler en ce moment. Bien sûr, nous n’avons pas de point de référence à la pointe de l’attaque mais nos jeunes ont une grande envie de travailler. On espère pouvoir avoir des premières confirmations de notre travail avec Zaza ou Immobile. Ce seront très certainement de grands protagonistes très prochainement ». D’un point de vue alternatif, et pour traiter le sujet de l’absence de Cristiano Ronaldo – dispensé par son entraîneur de disputer le choc face à l’Italie à Genève – selon Antonio Conte, chaque équipe n’est jamais représentée par un seul joueur. Par exemple « [du côté du Portugal], il reste Coentrão, Nani, Quaresma, Tiago, etc… Ce sont des joueurs de calibre international et même si Ronaldo n’est pas là, l’équipe portugaise reste une grande équipe. Ce sera un match très combattu entre deux nationales qui luttent pour leur place au prochain Euro ».

Les joueurs à disposition

Italie

Gardiens: Padelli (Torino), Sirigu (Paris Saint-Germain) –

Défenseurs: Astori (Roma), Barzagli (Juventus), Bonucci (Juventus), Darmian (Torino), De Sciglio (Milan), De Silvestri (Sampdoria), Moretti (Torino), Pasqual (Fiorentina), Ranocchia (Inter) –

Milieux: Bertolacci (Genoa), De Rossi (Roma), Marchisio (Juventus), Parolo (Lazio), Pirlo (Juventus), Soriano (Sampdoria) –

Attaquants: Candreva (Lazio), El Shaarawy (Milan), Gabbiadini (Napoli), Immobile (Borussia Dortmund), Matri (Juventus), Pelle’ (Southampton), Sansone (Sassuolo), Vazquez (Palermo), Zaza (Sassuolo).

Portugal

Gardiens: Anthony Lopes (Lyon), Beto (Sevilha), Rui Patrício (Sporting) –

Défenseurs: Bruno Alves (Fenerbahçe), Cédric (Sporting), Daniel Carriço (Séville), Eliseu (Benfica), Fábio Coentrão (Real Madrid), José Fonte (Southampton), Ricardo Carvalho (Monaco), Vieirinha (Wolfsburg) –

Milieux: Adrien Silva (Sporting), André André (Vitória SC), João Moutinho (Monaco), Danilo (Marítimo), Pizzi (Benfica), Tiago (Atlético Madrid) –

Attaquants: Éder (SC Braga), Nani (Sporting), Ricardo Quaresma (FC Porto), Varela (Parma).