Mustapha El Atrassi: « Je n’ai jamais eu autant envie d’être sur scène que maintenant »

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Mustapha El Atrassi, chroniqueur, animateur et humoriste plébiscité a foulé les planches du Lido Comedy & Club pour y présenter son nouveau spectacle, #secondegré, déjà couronné de succès. Interview.

Mustapha, ton spectacle est en rodage en ce moment. Comment tu appréhendes ces premiers rendez-vous ?

Ce spectacle sera toujours en rodage. Pour moi, un spectacle est quelque chose d’unique que j’essaie de livrer chaque soir et le but est d’aborder toujours différemment chaque date, même s’il y en a 300. Je ne m’imagine pas arriver dans chaque ville pour ne faire que réciter un texte et ensuite rentrer à l’hôtel. Je serais frustré et je pense que le public le ressentirait. Tout cela ne me ressemble pas. J’essaie vraiment de me renouveler tous les jours, de trouver de nouvelles matières, de parler de la vie dans laquelle je suis et le public suisse y a adhéré. Il est incroyable. C’est fascinant parce qu’ils sont plus réactifs que l’on imagine et ils ont très peu de limites, voire même aucune, contrairement à certains publics français. Les Suisses sont prêts à tout entendre, même les vannes les plus horribles, et ça m’arrange bien.

Il y a tout dans ton spectacle: confessions, absurde et… second degré qui constitue le titre de ton one man show.

C’était important pour moi de l’appeler comme ça pour qu’il n’y ait plus aucune excuse. Par exemple, lors de mon dernier spectacle en France, certaines personnes avaient décidé de sortir de la salle pour des vannes qui étaient beaucoup moins dérangeantes que celles que j’ai présentées aujourd’hui. Ces personnes avaient payé 25 € et ont quitté la salle sans attendre la fin du spectacle. Et ce genre de choses m’a toujours un peu choqué. Je me dis qu’on est dans un pays libre, une liberté pour laquelle beaucoup de personnes se sont battues et sont même mortes. Donc il faut profiter de cette liberté pour continuer à dire ce que l’on veut sur scène. Ainsi, le titre #secondegré prévient les spectateurs et donc il n’est plus question de venir se plaindre. Il n’y a plus de service après-vente, il suffit de regarder l’affiche.

Il y a beaucoup d’interactions avec le public et il faut dire que même les échanges avec les spectateurs tournaient au second degré…

J’ai pris un virage dans ma petite carrière, il n’y a pas si longtemps. J’ai eu la chance de participer au premier championnat du monde de stand-up en anglais à Los Angeles et je représentais la France. Parmi 41 pays, je me suis retrouvé troisième. J’étais sur le podium et c’est quelque chose que je n’arrive pas encore à réaliser. Et j’ai eu la chance de jouer avec Louis C.K. et faire trois dates à New-York avec lui; un monstre, un génie du stand-up. En rentrant ensuite en France, j’ai voulu être adulte et courageux. Je me suis posé un dilemme: mettre de l’eau dans mon vin et proposer un humour un peu plus consensuel, familial et accessible ou rester soi-même quitte à perdre des gens en route, et avec de l’argent, de l’exposition et tout ce que ça comporte. Mon choix est fait, j’ai tout repris à zéro.

Tu as fait une tournée américaine en 2011 et j’ai l’impression que tu es ressorti plus grandi de ce voyage et de cette expérience…

Oui, vraiment ! Ce ne sont pas des français qui m’ont donné envie de faire ce métier. J’ai du respect pour mes collègues mais ce ne sont vraiment que les américains et leur stand-up qui m’ont intéressé. En Amérique, j’ai joué dans des lieux qui me faisaient rêver quand j’étais encore dans ma petite chambre avec ma famille, sans beaucoup de ressources à disposition. Et quelques années après, je me retrouve à jouer avec ces grands du spectacle. Un soir à New-York, j’ai joué face à Zach Galifianakis, l’homme qui joue [Alan Garner] dans la série Very Bad Trip – une star énorme ! – et j’ai croisé son regard, puis je l’ai vu rire à une de mes blagues. C’était hallucinant. J’étais tel un enfant qui vit ses rêves et qui ne se rend plus vraiment compte de ce qu’il se passe. Et le fait de jouer avec mes idoles, m’a inculqué une exigence que je n’avais pas avant et j’ai appris ce qu’était l’efficacité. C’est comme si j’avais passé trois mois dans l’équipe du Real Madrid et que je revenais en France ensuite. J’ai vraiment joué avec les meilleurs humoristes et ça m’a vraiment beaucoup apporté. Je suis allé acquérir un public que je ne connaissais pas. Il n’y avait pas d’acquis, personne ne m’avait vu à la télévision et personne n’était prêt à rire. J’ai donc dû convaincre chaque soir et tout cet apprentissage s’est ressenti à mon retour en France parce que j’ai vraiment l’impression d’être devenu plus fort à présent. C’est le moment propice pour venir me voir. Je suis en forme sur scène et je n’ai jamais eu autant envie d’être sur scène que maintenant.

Tu as parlé du public suisse… Un mot supplémentaire pour le Lido… ?

#secondegré, sorti le 25 avril a été d’abord réalisé dans un bar. J’aurais pu jouer dans des grandes salles et donner l’impression que tout est immense mais cela ne m’excite absolument pas. D’ailleurs, aux États-Unis, les grandes stars font quelques grandes salles mais le reste de l’année, ils jouent devant 80 personnes et c’est ce qui me plaît. Au Lido, il y a une ambiance un peu américaine en fait. Il y a un côté cabaret, comedy club que j’ai retrouvé. J’ai retrouvé l’ambiance des États-Unis ici. J’y étais venu créer mon spectacle il y a trois ans et j’ai absolument eu envie de revenir et je reviendrai très vite donc n’hésitez pas à me suivre sur internet. Mon spectacle est en exclu sur mustaphaelatrassi.com. Je ne garantis rien mais je pense que ça vaut le coup d’essayer.