Le FC Sion fête sa treizième victoire en Coupe de Suisse après son succès mérité face au FC Bâle (3-0). Konaté (18e), Fernandes (50e) et Carlitos (61e) ont été les héros de tout un canton. En sold-out, le stade bâlois était littéralement conquis par le Valais. Focus.
À Bâle, la tension est montée rapidement. Deux formations légendaires remontées à bloc sont sur le point de s’affronter sur le terre-plein du Parc Saint-Jacques. Un virage bleu et rouge provoquait une foule rouge et blanche – venue par millier à Bâle – désireuse de remporter un sacre historique. Le capitaine Xavier Kouassi a d’ailleurs commenté en fin de match avec beaucoup d’émotions l’ambiance inédite du Sankt Jakob : « C’est la première fois que je vois ça. C’est magique. On n’arrive pas à y croire. Le public valaisan avait un avantage sur le bâlois. C’était incroyable ! » Le FC Sion était à la porte de son 13e sacre en Coupe de Suisse. Le trophée, quant à lui, est apparu sur la pelouse sous l’ovation des 35’674 spectateurs avides de sensations. Le chaudron résonnait entier sous les chants valaisans ; un tifo digne des grandes équipes européennes : démesure et amour du maillot, la Finale avait donné son coup d’envoi.
Domination et conquête au Parc Saint-Jacques
L’agressivité des sédunois se fait ressentir ; cinq minutes de jeu et déjà un but annulé pour hors-jeu. Le ton est donné. Le Valais est la toute-puissance à battre. Son hégémonie dans l’institution de la Coupe Suisse n’est plus à démontrer et le FC Sion fait preuve d’agilité. Le FC Bâle tétanise face aux ténors de l’attaque romande. Carlitos et Assifuah manquent à plusieurs reprises de tromper Vailati – courageux remplaçant de Tomas Vaclik – avant que Moussa Konaté fasse trembler les filets adverses d’une frappe raz terre et précise à la 18e minute. Que dire ? La locomotive est lancée, les wagons suivent. La formation de Didier Tholot est compacte et efficace et prend du terrain quand l’occasion s’y présente. Cinq corners et autant d’actions périlleuses que Vailati repousse avec grand professionnalisme quand, de l’autre côté, Gashi et Streller ne parviennent que difficilement à prendre possession du ballon. À donner plus d’entrain aux bâlois, c’est Luca Zuffi qui s’en charge. Pilier de son équipe, le milieu de terrain se mue en homme de transition entre la défense et l’attaque. Mais l’esprit peine à s’éveiller du côté des hommes Paulo Sousa, en grande difficulté face à la charnière défensive sédunoise. Léo Lacroix, en grand maestro de sa ligne déjoue sans grandes difficultés, les adversaires. La tension est palpable au grand damne d’un fair-play un minimum attendu. Toutefois, le chaudron tourne à l’avantage du FC Sion ; les assauts du côté d’Andris Vanins sont amorphes et, aux abords de l’autre cage, la défense bâloise – composée de Traoré, Suchy, Schär et Xhaka – se rend responsable de nombreuses largesses.
Nikolaj Hänni retarde le coup de reprise du second acte invoquant le caractère peu responsable des supporters valaisans. Le jet de pétard et autres ustensiles de protestation suffisent à l’arbitre pour renvoyer les deux équipes aux vestiaires quelques minutes. À cet instant précis, comme en témoigne le capitaine sédunois Xavier Kouassi en zone mixte, « le but [est] d’éviter à tout prix de subir des buts. On [a] une longueur d’avance et il [faut] garder la même intensité de jeu ». De retour sur le terrain, la musique reste la même. Le FC Sion domine, les Bâlois subissent les affronts des adversaires et Vailati se fait surprendre une nouvelle fois à la 50e minute ; Edimilson Fernandes, bien servi par Carlitos, trouve le petit filet d’une sublime frappe croisée. Le FC Bâle sombre. Pour la troisième fois consécutive, les rhénans sont sur le point d’échouer en finale. Après Grasshopper en 2013, le FC Zürich en 2014, Sion se donne la chance de déjouer à son tour l’ogre bâlois sur ses terres. L’esprit est engagé du côté des protégés de Christian Constantin et le 2-0 se transforme en bérézina après la tête plongeante gagnante de Carlitos à l’heure de jeu. 3-0, rien ne va plus. Le Valais conquit à la loyale son sésame. Grande maestria, courage, réalisme et volonté rendent une nouvelle fois au canton romand un titre qui ne lui a jamais échappé lorsqu’il était présent en Finale. À Bâle, les comptes sont simples ; 13e finale, 13e titre !
Paulo Sousa manque son doublé en Suisse. Streller fête sa dernière dans la douleur mais avec les honneurs. Roger Federer, invité, lui a d’ailleurs rendu un hommage considérable. Toutefois, au Sankt-Jacob, l’odeur de l’amertume se ressent. L’accomplissement n’est, une fois de plus, pas assuré pour les bleus et rouges. Face à un Vanins impérial et une défense sédunoise aguerrie, le FC Bâle ne trouve aucune solution. Jagne Pa Modou et Elsad Zverotic se sont rendus maîtres de leurs ailes respective et le danger n’a pas atteint le but sédunois. Bien au contraire, c’est Vailati qui a subi les assauts répétés des Valaisans. À 3-0, le FC Sion ne démordait pas et scrutait la moindre contre-attaque dans les dix minutes finales de la rencontre. Une solidité magistrale qui a découragé un FC Bâle atténué comme jamais. Un FC Bâle, d’ailleurs, qui se contentera une nouvelle fois du statut de finaliste malheureux.
Kouassi, un valeureux capitaine
Xavier Kouassi se dit fier en interview de fin de match et honoré d’être le premier Africain à remporter la précieuse coupe nationale : « C’est un honneur pour moi et c’est grâce à mes coéquipiers et au staff que tout cela a été possible ». De plus, auteur d’une solide prestation, Kouassi a incarné l’image d’un capitaine valeureux et conquérant : « En tant que capitaine, c’est un bonheur d’être parvenu à nos fins. Dans le groupe, j’ai des aînés, je fais partie des plus jeunes mais c’est moi qui ai soulevé la Coupe. Ce ne sont que des sentiments de joie cet après-midi. Je rends donc grâce à Dieu qui a permis que cela se produise aujourd’hui ».
Il s’agit d’une fin de saison heureuse pour les Valaisans. Arrêtés aux portes de l’Europa League en championnat, les sédunois se sont démenés pour faire valoir l’Histoire au parc Saint-Jacques de Bâle ce dimanche : « On savait qu’en championnat, on n’avait pas fait un bon résultat mais on a démontré qu’on était des hommes. Nous avions l’opportunité aujourd’hui, en remportant la Coupe, d’être européens [ndlr, la victoire en Coupe de Suisse assure une place de barrage en UEFA Europa League] et donc on a vraiment tout donné. Le Président nous a d’ailleurs conforté dans notre esprit donc on était dans une dynamique très positive », commente Kouassi. Face à l’armada rouge et blanche présente en tribunes, les hommes de Didier Tholot n’avaient qu’une seule envie : triompher. « On avait à cœur d’être performants sur le terrain pour rendre hommage à ce soutien. Je dis merci au public valaisan parce que je n’imaginais pas qu’ils puissent avoir autant de voix ! Aujourd’hui [ndlr, dimanche 7 juin 2015], il y avait beaucoup de fatigue mais grâce au public, on a su la surmonter ». Un collectif de grande qualité !