Level Up 2, Vishal Joneja: « Une plus grande proximité avec le public »

Affiche du Level Up 2. Montage photo: Oreste Di Cristino

L’affiche de la seconde édition du Level Up a été un franc succès pour la troupe d’humoristes suisses. À l’honneur, Edem Labah, Tamara Cesar, Nadim Boutemine et le duo Malvin et Renaud ont littéralement embrasé les planches du Lido Comedy & Club avant que la « guest » Arek Gurunian ne vienne clore la soirée accompagné de son talent réputé. Entre rires et blagues au bol – concept innovant mis en place par le présentateur Vishal Joneja – le rire était au rendez-vous. Interview.

Félicitations pour cette deuxième édition à succès du Level Up avec un tout nouveau concept: celui des blagues… opportunes !

Oui, j’ai appelé ce concept, les blagues au bol. Tout d’abord, parce que ce sont des blagues qui sont recueillies dans un bol, ce qui en fait un jeu de mot mais c’est aussi, et surtout, des blagues qui sont écrites par le public. Je vais être honnête, j’en ai écrites trois et deux sont passées. Donc nous étions assez contents, mes collègues et moi. L’idée m’est venue grâce l’improvisation théâtrale; il y a un concept qui s’appelle la réplique au bol et c’est exactement pareil que l’exercice qui était à l’œuvre ce soir. Le but de la réplique, c’est que l’improvisateur doit aller la piocher totalement au hasard et la citer sans la lire. J’ai trouvé que c’était intéressant d’intégrer ce concept dans l’univers du stand-up. Le but est vraiment de savoir rebondir là-dessus et tout l’enjeu du Level Up réside en ce nouvel exercice. On est toujours à la recherche de l’amélioration à chaque édition nouvelle et mon idée est de rajouter à chaque fois une nouvelle contrainte qui rendra l’exercice plus difficile mais aussi plus amusant. Selon moi, les contraintes entraînent une amélioration de soi-même.

Bon plan stratégique ! La structure du spectacle a amené à une plus grande participation du public…

Oui, c’était aussi un peu le but. Quand le public est arrivé environ une demi-heure avant, je suis allé leur parler et je leur ai expliqué le concept. Ce sont leurs blagues qui ont été citées ce soir et cela a amené le public à faire partie du spectacle. À partir de là, il y a une plus grande proximité avec les humoristes et les gens se sentent plus à l’aise et n’ont pas sans cesse les bras croisés ou ballants. Ils sont vraiment au taquet parce qu’ils attendent et espèrent que leur blague va passer. Et tout cela relève d’une stratégie car, en plus de faire un spectacle pour eux, on aimerait également jouer avec eux. Tout cela s’était un peu perdu dans le stand-up où il n’est pas aisé de récupérer un public une fois qu’il est perdu. Du coup, la contrainte était bien pensée pour cette occasion.

C’était prévu de vider le bol ce soir ?

Absolument pas (rires) ! J’avais demandé à mes collègues de faire une blague, voire deux par passage s’ils se sentaient de vanner le public. Et visiblement, ça n’a pas manqué. Il y a même eu un petit jeu entre nous par moments et finalement, Arek (ndlr, Gurunian, le guest) a tout simplement décidé de sortir toutes les blagues du bol. Nadim lui a emboîté le pas et le spectacle est un peu parti en délire. Un délire total que j’ai tout particulièrement apprécié.

Selon toi, de manière concise, quels sont les points points positifs et ceux à encore améliorer dans ce rendez-vous semestriel du Level Up ?

Alors point positif d’abord, parce que je suis quelqu’un de positif: c’est la suppression du suspens concernant l’ordre de passage des humoristes. J’ai décidé de donner en une seule fois le programme dès le début de la soirée parce que la configuration de la première édition n’apportait rien au public. Elle apportait plus aux humoristes, pour qui le suspens importe beaucoup. Il y a toujours cette petite rivalité; personne ne veut passer en premier. Mais je pense que c’est mieux de les annoncer tous dès le début pour montrer que chaque humoriste est égal à son pair. Dans les points positifs, il faut également relever cette nouvelle contrainte des blagues au bol qui a permis de construire le show. Certains ont bien utilisé les blagues, d’autres ont eu un peu plus de peine au début mais après ça s’est bien passé. Par contre, point un peu plus négatif  – à chaud – les dépassements de temps dans les sketches mais ça n’a, à mon avis, pas trop gêné le spectacle. Je pense que de manière générale, le public a pris beaucoup de plaisir et donc c’est un pari gagné pour moi.

Tu étais candidat ou humoriste à simple titre lors de la première édition. Aujourd’hui, tu étais le présentateur-chauffeur de salle et tu as présenté ton sketch en premier. Qu’implique ce changement d’« identité » pour toi ?

Alors, il fallait que j’assure mon passage donc, du coup, il a moins pris la forme d’un test. Je devais installer une aisance avec le public et expliquer clairement le déroulement du spectacle. Lors de la dernière édition, je l’avais peut-être mal expliqué – on m’en avait fait la remarque. Du coup, j’ai pris mon temps pour expliquer les points relevants de la soirée et leurs intérêts, ce qui m’a positionné d’emblée dans un rôle de présentateur. Et j’ai pensé que je ne pouvais pas endosser un double rôle de présentateur et d’humoriste à la fois. J’ai ainsi donné la chance à mes collègues de faire des blagues qu’ils adorent faire, mais de manière peut-être un peu différente et j’ai assumé mon rôle de présentateur. Je pense d’ailleurs que ça marche beaucoup mieux dans cette configuration et je suis heureux.

Tu finis d’écrire ton one-man show actuellement. Passer en premier, ce n’est pas un premier grand test, vu de cet angle-ci ?

Oui, c’est un peu un test. Je beaucoup cherché et testé le contenu de mon spectacle personnel et au fil du temps, ça s’est clarifié. J’ai fait un stage de clown, bruiteur et mimes de deux jours avec Julien Cottereau – un artiste incroyable qui a travaillé au Cirque du Soleil. C’était une belle et riche expérience que j’ai eu envie d’insérer de la clownerie dans mon one-man show. Je réfléchis encore bien. Ma date est déjà fixée pour le 1er octobre au Lido et j’espère que le monde sera présent. Edem (ndlr, Labah) a déjà fait son premier spectacle, Tamara (ndlr, Cesar) va le faire deux semaines avant moi, Alexandre Kominek va également passer avant moi, Nadim (ndlr, Boutemine) aussi et Malvin et Renaud ont aussi fait leur premier spectacle…. L’année 2015, c’est vraiment l’année où tout le monde (ndlr, parmi les jeunes pousses suisses romandes) présente son premier spectacle et où ils commencent à roder leur texte à la recherche de leur propre style.

Nous avons « découvert », ce soir, de nouvelles figures de l’humour suisse: Malvin et Renaud, Nadim Boutemine et le guest Arek Gurunian. Le Level Up essaie-t-il de faire une présentation presque exhaustive des nouveaux talents de l’humour suisse ?

Oui, c’est un peu le but. Mais l’idée, c’est surtout de faire jouer des personnes qui n’ont pas forcément eu l’occasion de jouer au Lido. Thomas Lécuyer (ndlr, programmateur de la salle) me laisse carte blanche pour ma programmation. Il souhaite toutefois avoir une personne sûre à la fin. Il me fallait donc un guest et j’ai choisi Arek. La dernière fois, il s’agissait de Nathanaël Rochat et pour la prochaine édition – le Level Up 3 – je vais encore réfléchir quant à l’humoriste « de vedette » que je vais choisir. Cela dépendra aussi des disponibilités mais l’idée c’est de faire tourner notre équipe qui joue. Il y a plein de personnes que j’aimerais encore amener à faire jouer et qui seraient partantes pour participer à cet évènement. Et dès que le concept devient plus précis, je tenterai de l’exporter vers Neuchâtel ou Genève. Mais cela relève du futurisme. Actuellement, mon but principal est de lancer mon one-man show.