Le FC Lausanne-Sport s’écroule à Genève

Portrait de Fabio Celestini lors du 180e derby lémanique – © Oreste Di Cristino

Terne et sans saveur, le 180e derby lémanique s’est soldé sur une lourde défaite lausannoise à La Praille (4-2). En manque de lucidité et de réalisme, le LS a une nouvelle fois manqué le coche face aux Grenat cette saison. Le compte-rendu de la rencontre.

14h00. Le stade de Genève ouvre ses portes. Un filet de soleil s’empare de la pelouse fraîchement arrosée et les quelques supporters déjà arrivés prennent place en tribune. Le journalistes, eux aussi, présentent leur accréditations aux portails, se rendent en salle presse, se rafraîchissent et prennent l’ascenseur afin d’atteindre la tribune de presse, d’où ils s’apprêtent à contempler le match qui opposera les deux rivaux du Léman. Seulement, un évènement ternit, de manière relative, l’ambiance. Le car du FC Lausanne-Sport est bloqué sur l’autoroute. L’issue est inévitable, le match est reporté d’une heure. Une heure qui peut avoir joué un rôle important dans le mental des lausannois. Car, faibles et peu créatifs, les hommes de Fabio Celestini n’ont fait que mordre la poussière face à des Servettiens qui n’ont cessé de monter en puissance 90 minutes durant. Si les deux équipes exécutaient un pressing haut en début de match, la réussite, elle, était unilatérale. Seul le Servette FC est parvenu, sur le « long » terme, à percer la défense lausannoise. Au final, peu en jambes, le LS a subi sa quatrième défaite de rang cette saison face à son rival lémanique. L’analyse du match n’est pas inédite.

Lausanne, un plan de jeu changeant

Le 4-4-2 lausannois a peu ou prou montré d’efficacité au Stade de Genève. Mais sous l’influence de nombre d’erreurs individuelles, Fabio Celestini n’avait d’autres choix que de modifier sa formation en cours de match. Disposant Chris Malonga en demi d’extérieur et Jordi Delclos en avant-centre, le plan tactique du LS souffrait de quelques anomalies. Mais le jeu était intéressant. Malonga, de sa position parvenait à garder son rôle de meneur de jeu tout en renforçant les ailes. Mais la manœuvre était complexe. C’est pourquoi, la formation vaudoise s’est révélée être à géométrie variable. Delclos s’est petit à petit retranché en tant que milieu offensif, déplaçant ainsi Hochstrasser sur l’aile droite, ce qui a permis à Malonga de jouer en première ligne aux côtés de Ngakoutou. Ce dernier a d’ailleurs vécu un début de match prometteur; rapide en contre-attaque, ses fulgurances avaient plusieurs fois mis à mal Anthony Sauthier et la défense Grenat. Mais la musique devient plus grave pour le LS après la première demi-heure de jeu. Le jeune prodige Kevin Bua fait déjà valoir son talent de prestidigitateur, sans pour autant parvenir à réellement mettre en danger Kevin Fickentscher. Mais la machine servettienne se met en marche et il a été de plus en plus difficile de la contenir; Besnard marqua ainsi le premier but genevois à la 43e minute. Un but qui lança alors définitivement les hommes de Kevin Copper dans ce derby. Depuis, les Lausannois n’ont cessé de s’enliser dans les méandres d’une rencontre sans histoire. Cependant, pour Fabio Celestini, il est inutile de parler de frustration: « Je ne suis pas frustré. Je suis très déçu du match nul face à Bienne, (ndlr, LS-Bienne 2-2 à la Pontaise) on avait les trois points en poche et c’est nous qui les avons perdus. Là, j’étais très déçu. Aujourd’hui, il n’y a pas de déception. Il y avait trop d’erreurs individuelles et on était pas assez bons pour rivaliser avec Servette. C’est très rare que je sois assis sur mon banc mais quand on voit qu’il y a 3-0, alors que huit minutes avant on ne perdait qu’1-0, on se dit qu’il n’y a plus d’espoir. On a perdu, point. Donc ce n’est pas frustrant du tout !« 

Servette, une progression à l’image de sa saison

Kevin Cooper est fier de son équipe, de ses jeunes prodiges, de son cheminement à la tête d’un groupe performant et volontaire, de son management: « On a grandi au fil de la saison; un nouveau staff, de nouvelles idées, un nouveau football. Il faut du temps pour évoluer, pour être plus consistants de nos performances. Physiquement, mes hommes sont en de bonnes conditions. Leurs performances au niveau individuel sont meilleures et deviendront sans cesse meilleures avec le temps. » Au fil du match, son équipe n’a cessé de progresser dans son jeu. Malgré les petits défauts de la première mi-temps, les Grenat ont fini par se souder, s’unir face à la (maigre) adversité; bref, le Servette FC est devenu le partisan de sa propre réussite. « C’était un grand jour aujourd’hui, une fantastique occasion, – affirme Kevin Cooper avant de continuer – pendant un quart d’heure, il y avait deux équipes sur le terrain mais [m]es jeunes ont grandi au fil du match et ont été fantastiques pendant une bonne heure. »

Une performance à l’image de sa saison et, comme un symbole, c’est l’étoile montante Kevin Bua qui permet à son équipe de dérouler. D’abord bien servi par un Johan Vonlanthen expérimenté et aguerri (à la 52e) – buteur lui aussi à la 59e minute – puis auteur d’une fulgurance qui a littéralement traîné derrière lui l’entière défense lausannoise (82e), le Suisse a fait preuve d’une aisance déconcertante en inscrivant un doublé aux allures féériques: « C’est un des meilleurs matches de ma carrière. Après je le dois aussi à l’équipe parce que sans eux il n’y aurait pas eu de doublé. Mais c’est vrai que je suis quelqu’un de percutant et j’essaie de travailler un maximum à l’entraînement et j’espère que ça se ressent en match » (Bua). La cohésion de jeu des Grenat a littéralement enterré leurs rivaux. Par ailleurs, ce qui a porté à l’attention des 8’562 spectateurs – nouveau record d’affluence à La Praille – était la patience avec laquelle les hommes de Cooper se sont engouffrés au sein de la défense volatile du Lausanne-Sport. Celle-ci éventrée, la formation servettienne s’est peu à peu libérée. Jérémy Frick n’était alors plus du tout mis à contribution. Face à une précision de passe lausannoise qui laissait de plus en plus à désirer et un cruel manque d’organisation au niveau offensif, l’issue du match n’était de loin plus un suspense. Face à un large score en sa défaveur, le LS a tendanciellement délesté le secteur défensif au profit de l’attaque; il s’est ouvert et a tenté de déployer ses ailes. Trop tard, comme à l’accoutumée. En net manque d’efficacité, la manœuvre lausannoise a eu l’effet escompté pour le Servette FC qui a pu accroître son agressivité offensive. Ainsi, bénéficiant de plus d’espace et de moins de pression adverse, Bua et Besnard ont vu s’ouvrir la voie devant eux; un eldorado pour la pépite et le bomber de cette formation genevoise. L’entrée de Daniele Romano et d’Andelko Savic n’a pas changé grand chose dans l’immédiat, sinon la double réalisation de l’honneur vaudois à la 87e et 92e minute; les deux passées presque inaperçues, étouffées par le raz-de-marée servettien. D’ailleurs Fabio Celestini ne se force pas à nier la réalité: « Avouons tout de même que le score est de 4-0, pas 4-2. » Mais avouons à notre tour notre incompréhension face à ce LS qui a véritablement commencé à jouer après le but contre son camp de Mfuyi en toute fin de match.