Jérémy Vaillot: « Au Lido, ça a toujours été que des bons moments pour moi »

Jérémy Vaillot - Source: Banane Comedy Club

Un français typiquement suisse, voilà l’identité du jeune et talentueux Jérémy Vaillot. Vainqueur « suisse » puis « européen » des Duels pour Rire 2015, le déchanté humoriste a (re)fait escale au Lido Comedy & Club pour y présenter son frais one-man show « adopteunjeremy.com ». Un spectacle délirant et fou auquel le public lausannois a adhéré jusqu’au bout. Interview.

Jérémy, on va pas se le cacher… Ton spectacle est un pur délire !

(Rires) Totalement ! Le but est vraiment de s’amuser. Je suis un peu fou, je pense qu’on l’a remarqué. On est là pour rire sans réfléchir.

Tu es français mais ton personnage et ta personnalité sont très suisses au fond…

À la base je suis frontalier, même si je n’ai jamais vraiment travaillé en Suisse. Mais j’ai toujours connu la Suisse et j’adore ! La Suisse m’aime moins (rires)… Mais sinon, c’est vrai que quand j’ai gagné la finale [suisse] du Duel pour Rire, ça m’a fait plaisir parce qu’après on a fait une finale « européenne » à Paris que j’ai aussi remportée. Mais la particularité était que je représentais la Suisse. Ce qui est génial quand même pour un français. En tout cas, j’adore la Suisse, ça bouge bien, il y a pas mal de plateaux… C’est intéressant de voir comment les Suisses communiquent ici. C’est important pour les humoristes; c’est ici, que j’ai fait mes armes et aujourd’hui, on peut dire que je passe par la Suisse pour retourner en France. C’est un peu comme les empereurs de l’époque qui auraient pu prétendre passer par la Suisse pour conquérir la France (rires). Et c’est ce que je fais et ça se passe plutôt bien en ce moment et c’est super !

Tu fais un stand-up pas très classique, tu fais beaucoup de comédie. Tu te sens plus comédien qu’humoriste à ce point-là ?

Oui. Comédien reste quand même ma formation. J’ai des écoles de théâtre que j’ai ouvertes en France, je donne des cours de théâtre et je fais de la mise en scène. Mais je suis revenu à l’humour il y a deux ans parce que l’humour c’est un moyen de se lâcher, de sortir un peu des conventions traditionnelles présentes au théâtre. Donc, voilà, je m’éclate. Je sors un peu du simple cliché du « stand-up » que l’on rencontre beaucoup aujourd’hui, avouons-le. Et en France, on a quand même cette culture du théâtre mais on ne retrouve plus l’humour style café-théâtre, et j’ai justement voulu revenir dans ce domaine, en gardant un peu de stand-up mais en me moquant aussi de ce stand-up.

Dans ton spectacle, tu joues un peu tous les métiers qui t’auraient plu dans la vie: Président, professeur de sport, fitness et comédien… Mais tu es comédien !

Oui, je suis comédien. Mais à ce niveau-là, c’est plus une caricature. C’est mon métier mais chacun le transforme à sa manière pour le rendre un peu caricatural. Mon sketch, ici, n’est pas vraiment exagéré. On m’a donné une formation, on m’a un peu appris à jouer comme ça, en en faisant un peu trop. Pour le reste, sans vraiment dire que ce sont des métiers que j’aurais voulu faire, ce sont des professions que j’aime bien. Par exemple, professeur de fitness… J’adore ! Ma copine est professeure de fitness, donc voilà. Et en ce qui concerne la politique, j’en fais un peu dans ma commune. Donc, au final, c’est facile de refaire un peu tous ces métiers. Pas besoin de caricaturer, je crois en ces métiers-là donc ça se fait tout seul.

On a toutefois l’impression que ton texte n’est pas très construit. Tu as beaucoup d’interactions avec le public, parfois même trop !

Oui, c’est vrai ! Mais ça, c’est parce que le spectacle est encore « frais ». Je le joue depuis le mois d’octobre. Un spectacle, ça se construit en six mois, un an avant qu’il soit parfait. Donc là, on teste. Mais personnellement, c’est vrai que j’aime bien l’interactivité et j’aime les sketches visuels. Un jour, une personne dans un concours m’a dit que mon sketch manquait de « texte ». Mais pour ma part, j’argumente que ce que je fais, c’est du « visuel » et le visuel, ce n’est pas du texte. Après, il est vrai que parfois il y a trop d’interactions mais j’aime ça et le public aussi au final. Ça crée un lien, on se lâche beaucoup plus après, quand on voit les autres souffrir mais aussi quand on souffre soi-même (rires).

Mais donc ton spectacle est encore en rodage ?

Je crois beaucoup d’humoristes qui sont maintenant pros et ils concordent pour dire qu’un spectacle est toujours un peu mouvant. Ça bouge toujours, surtout sur ce type de spectacles vivants. C’est pas comme au théâtre où chaque rôle est au final peu changeant. Or dans un spectacle « vivant », on peut être plus libres et tester des choses et c’est ce qui fait qu’un spectacle évolue toujours, même sans le vouloir. Il y a toujours des éléments qui nous apparaissent sans les avoir cherchés. Mais mon spectacle est toujours en création. On dira qu’il est encore « frais ».

Le Lido est un petite salle très conviviale. Pour toi qui aime beaucoup l’interactivité, c’est un véritable terrain de jeu…

Bien sûr ! Surtout que je joue sans micro quand je peux. J’ai déjà joué dans des grandes salles et parfois je le fais sans micro. Certains ont d’ailleurs tendance à me prendre pour un mec étrange parce qu’aujourd’hui le micro est une normalité dans le monde du spectacle. Donc ces petites salles, c’est vraiment un plaisir parce qu’il y a un contact direct avec le public; tu vois celui qui bâille, celui qui se fout de la gueule de l’autre, etc… Et ça, c’est génial ! Ce sont des « aliments », des « matières » offertes qui te permettent de constituer ta propre salade mixte sur les planches. Et pour ça, le Lido c’est vraiment adapté ! Au Lido, ça a toujours été que des bons moments pour moi.