Le magicien et humoriste François Martinez est venu présenté, lors d’une double soirée au Lido Comedy & Club de Lausanne, son spectacle « Copperfield, Harry Potter et moi ». Teinté d’un peu de folie et d’un talent implacable, François Martinez suit brillamment les traces d’Éric-Antoine. Rencontre.
Bonsoir François, merci de m’accorder cette interview à la fin de votre spectacle. Alors, une première question concernant le titre de votre spectacle.. Il n’a, à priori, aucun lien direct avec David Copperfield, ni même Harry Potter, mis à part la magie…
Oui. C’est que, quand on dit le mot « magie » aux gens, ils pensent soit à la magie au sens de David Copperfield, Gérard Majax qui sont des magiciens, soit à Harry Potter, de manière plus plus fantasque. Et « moi », c’est parce que c’est moi. Je m’aime un peu. Donc on s’est dit qu’on allait faire un spectacle qui traiterait de la magie avec de la magie. Mais l’histoire de base n’est pas autour de cela. Elle est plutôt autour du personnage qui peut tout résoudre grâce à la magie. Voilà, ça résume le titre.
Vous n’étiez pas humoriste à la base. Vous avez commencé avec la magie avant de rajouter l’humour…
Alors, il y a toujours eu de l’humour dans mon spectacle. Mais avant, je faisais vraiment de la magie. J’ai beaucoup travaillé dans l’évènementiel, j’ai beaucoup voyagé avec ça. Je faisais pas mal de close-up, donc de la magie de proximité et j’ai fait pendant plus de 10 ans du spectacle pour enfants en duo. On avait un spectacle de magie. Drôle en duo. Et puis un jour, mon partenaire est parti vers d’autres rivages et je me suis donc retrouvé tout seul. J’ai écris un spectacle qui était un spectacle de magie, mais j’étais quand même drôle. Je suis monté à Paris avec ce spectacle et j’ai été repéré surtout sur des scènes d’humour et non plus sur des scènes de magie. Donc ça m’a paru être plus rigolo à faire. On a travaillé pendant un an et demi sur le personnage et on s’est assis autour d’une table ensuite pour écrire un vrai one-man-show, dans lequel on mettrait de la magie. Donc, en fait, on a fait un seul en scène d’humour avec des morceaux de prestidigitation à l’intérieur.
La magie peut à la fois fasciner mais également lasser si elle n’est pas maîtrisée. Comment fait-on pour ne pas tomber non plus dans la facilité ?
On a tout simplement fait des choix avec le temps. C’est un spectacle qui est neuf. Il a neuf mois, donc relativement jeune mais on réécrit tous les 15 jours. dès qu’il y a quelque chose de moins efficace, où il y a un petit temps mort ou qu’on se rend compte que la magie peut-être encore plus forte, on n’hésite pas à changer. Faut pas rester cantonné sur ce qu’on a. Actuellement, on doit être à la sixième version du spectacle en neuf mois. On a changé au moins sept tours de magie, on a écrit pas mal de textes parce que c’est un spectacle vivant. Donc faut que ça évolue. Et la magie, j’en ai pas fait un but donc elle est moins lassante. Elle sert juste le propos et donc elle est illustrative et on essaie de la rendre drôle. On a vraiment visé sur l’histoire d’abord. Si l’histoire est passionnante, le reste est accessoire et ne sert qu’à la rendre plus forte.
La magie semble plus rapprocher le magicien de son public que l’humoriste du sien…
Alors, la particularité de la magie, c’est qu’elle est forcément interactive. On fait forcément de la magie avec des gens et pour des gens. Je pense que dans l’humour, c’est la même chose. On fait l’humour pour des gens: on veut les faire rire mais on veut aussi rire avec eux. Et pas autrement. Donc la particularité de la magie est qu’elle est justement participative, mais aussi très visuelle. Il y a un peu de tout dans le spectacle, on a fait en sorte que peu de gens montent sur scène, mais que ceux-ci soient valorisés, s’amusent. Et la personne qui monte sur scènes, c’est elle qui fait la magie en premier et pas moi. Donc on sait que le public va être plus en valeur que moi. Ça s’était très important et j’ai la chance d’avoir un personnage très empathique et qui raconte une histoire un peu universelle. Ce qui fait que finalement, les gens sont avec moi dans l’histoire et ils participent à toute l’aventure et le but est aussi qu’ils soient là pour m’aider à récupérer ma femme [ndlr, histoire du spectacle]. Mais on peut retrouver ça dans des spectacles qui ne sont pas forcément magiques, je pense.
C’est le deuxième soir que vous êtes au Lido. Vous disiez que c’est toujours un peu stressant d’enchaîner deux soirées consécutives…
Oui, parce qu’hier soir, ils [ndlr, le public] étaient un peu moins nombreux – j’ai pas de chance, je suis tombé sur les nocturnes, c’est Noël dans quelques jours, donc les gens étaient d’abord préoccupés par l’idée d’aller faire leurs achats plutôt que de venir voir un spectacle – mais il y avait quand même une belle salle hier et ça s’est très bien passé. J’ai une bonne hygiène de vie, mais il ne faut pas oublier que le Lido est aussi un club. Je ne bois pas d’alcool, donc c’est déjà un problème en moins, mais on a tendance à rester un peu, on traîne et on se couche tard. J’ai essayé de me coucher tôt pour avoir un minimum la patate ce soir. Mais on a surtout le stress: ça s’est bien passé hier, est-ce que ça va bien se passer aujourd’hui ? Est-ce que le public sera le même, aussi accueillant, aussi chaud…? Mais, au final, tu te rends compte que ça ne tient qu’à toi. Et il faut avoir la forme. Mais ça a de nouveau été une très belle soirée, la salle était blindée donc ça fait du bien.
Vous avez commencé au Lido… (votre carrière ?)
Alors, j’ai commencé ma carrière d’humoriste à Paris. Le Lido est plutôt – on va dire – ma première scène suisse. Alors, c’était particulier. Ça faisait trois mois que j’étais dans le circuit de l’humour. J’avais eu de la chance d’avoir déjà été repéré au Point Virgule à Paris. Donc Lausanne a été ma première scène et c’était les sélections de Montreux [Comedy Festival]. Ça s’est très bien passé. Je devais passer environ huit minutes mais Thomas [ndlr, le programmateur du Lido] m’a demandé de faire un peu plus et, finalement, c’est ce qui a été décisif puisque j’ai fait le Montreux [Comedy Festival] en 2012. Donc merci à Thomas de m’avoir permis cela. Il a d’ailleurs été le premier à m’avoir fait revenir pour jouer, au Lido, un plateau à trois avec Marc-Antoine Lebret et David Smadja. Donc c’est vraiment l’endroit où je suis le mieux accueilli et Thomas m’avait dit, ce jour-là, que dès que mon spectacle serait sur pied, je pourrais venir le présenter ici, au Lido. Et il a tenu parole. Ça fait neuf mois que le spectacle existe mais mon passage était déjà programmé il y a six mois.
Le futur Éric-Antoine…
J’espère avoir une carrière aussi belle qu’Éric-Antoine. J’espère juste ne pas être Éric-Antoine. Il est adorable, c’est un mec super mais j’espère juste être moi, en fait. J’espère être le futur super-François Martinez. C’est tout ce que l’on espère être et on a de la chance d’avoir un spectacle qui ne ressemble à aucun autre. Mais, effectivement, Éric-Antoine est le magicien, humoriste et comédien qui a ouvert en grand les portes de la scène humoristique, il y a quelques années, aux magiciens. Ce qui fait, qu’aujourd’hui, je suis plus sur une scène d’humour que sur celle exclusivement réservée aux magiciens.
Avant de conclure… François Magie, c’est votre nom de scène ?
Non, mon vrai nom de scène est François Martinez. Il y a beaucoup de blagues sur cela. On cherchait un nom de scène assez rigolo pour le personnage. Parce que, quand on démarre, on a tous des noms de scènes un peu nuls. Mon premier nom de scène, c’était Zenitrama. C’était mon père qui avait trouvé ça quand j’étais ado. C’est M-a-r-t-i-n-e-z à l’envers. C’était génial. J’avais un super nom de scène. Après, on m’a longtemps appelé Marty, à cause de Marty McFly parce que, quand on me donnait un défi, j’y allais. Marty m’a suivi super longtemps et quand je suis arrivé dans le milieu humoristique, ma mère et mon père ont eu des difficultés à me trouver un nom. Donc, j’ai repris mon vrai nom et prénom et on cherchait, pour mon spectacle, un nom un peu béton, un peu pourri et donc on s’est dit que ça allait être Zenitrama, etc… Et puis, on regardait, un jour, une émission du style « Confessions Intimes » [ndlr, reportages diffusés sur la chaîne TF1] et le mec disait: « je m’appelle bla-bla magie ». Et je me suis dit que c’était la meilleure vanne du monde. Parce que beaucoup de magiciens sur internet s’appellent prénom-magie. Ça pas commercial, je le dis tout de suite. Ça se fait plus (rires). Donc voilà, on a eu cette vanne-là et donc, quand je m’en vais du spectacle, les gens m’appellent François Magie. Ça les fait rire plus qu’autre chose. Mais je m’appelle François Martinez ! Ne cherchez pas François Magie, il n’y en a pas.