Gianluca Zambrotta: « C’est une profession que j’adore et qui m’enthousiasme »

Ancien grand du football mondial, le Champion du Monde italien, Gianluca Zambrotta nous a reçu dans son centre sportif à San Fermo della Battaglia (Italie) pour parler de sa nouvelle activité à la tête du FC Chiasso, modeste mais prometteuse équipe de Challenge League et de ses ambitions futures aux abords de la frontière italo-suisse. Rencontre.

C’est la seconde saison que vous faites partie du FC Chiasso. Arrivé en tant que joueur, vous êtes maintenant entraîneur. On peut dire que c’est une fin de carrière plutôt tranquille.

Oui, j’ai en effet commencé en tant que joueur à Chiasso et il y a ensuite eu l’opportunité pour que je devienne entraîneur et ce depuis décembre de l’année dernière. Je suis donc maintenant à la tête de cette équipe qui est pour moi, une expérience très positive. Je suis très enthousiaste pour cette nouvelle aventure.

Le FC Chiasso a débuté sa saison d’une manière peu convaincante mais elle a su réagir lors de vos derniers matches à Baulmes contre Le Mont sur Lausanne et à domicile, contre le FC Winterthur. C’est la continuité qui vous fait défaut dans cette Challenge League…

On a pas vraiment eu un début compliqué. On avait fournissait de belles promesses en début de saison. Mais c’est vrai qu’après, il y a eu une baisse au niveau des résultats. Toujours est-il que — je l’ai toujours dit — que malgré les résultats, on a la satisfaction d’avoir donné notre meilleur face à tous nos adversaires, sauf peut-être à l’aller, à Winterthur, où on avait perdu difficilement. Mais après on peut dire que les joueurs ont mouillé le maillots lors de toutes les autres rencontres. À Wohlen, la semaine dernière lors du match retour face à Winterthur… Donc, en sommes, on a toujours fait de matches complets et aboutis. Malheureusement, c’est vrai qu’un manque de continuité est, actuellement, ce qui nous pousse vers le bas du classement, sans compter un nombre conséquents d’occasions ratées que nous avions réussi à nous créer, notamment lors du dernier match.

Le FC Chiasso est donc huitième de son championnat. C’est une position qui pourrait faire surgir quelques préoccupations mais, paradoxalement, on sent que cette équipe n’est si en danger qu’elle ne paraît, considérant également les résultats peu convaincants du Mont et de Bienne, qui n’a pas encore gagné.

Je pense que nous sommes dans une situation qui est clairement périlleuse car on est plus proche de la queue du classement que de la tête. Mais il faut, bien évidemment considérer que nous sommes à deux, voire trois points de nos supérieurs [ndlr, trois point de retard sur le Lausanne-Sport le 11 octobre 2014]. Donc je ne suis absolument pas préoccupé pour notre position. Nous produisons un football séduisant, certes, encore un peu timide mais le chemin est encore long jusqu’à la fin de saison. Nous avons donc encore largement le temps de nous ressaisir étant donné que le classement est très serrée. On ne pointe bien évidemment pas le FC Wohlen qui est premier car ce n’est pas notre objectif que de gagner la Challenge League. En revanche, nous espérons pouvoir effectuer un « sauvetage » nettement plus tranquille que la saison dernière.

Lors des prochains matches, vous jouez contre deux adversaires direct au classement, le FC Schaffhouse et le FC Wil. Force est de constater que vous entrez dans une période très importante de votre saison car deux victoires pourraient réaffirmer de nouvelles ambitions pour le FC Chiasso, mais aussi pour le football tessinois…

Oui, en effet. Il s’agit là de deux matches fondamentaux. On affronte d’abord Schaffhouse qui sont juste devant nous. C’est une équipe qui a su se reprendre d’une passe difficile dans le courant de cette première partie de saison en nous battant à Chiasso. Puis on affrontera le FC Wil chez eux ce qui ne nous facilite pas la tâche. Donc ce sont deux rencontres très compliquées que nous essaierons d’approcher de la meilleure des manières car nous sommes conscients qu’en cas d’un résultat positif, nous aurions immédiatement la possibilité de nous éloigner de la barre. Il faudra donc appréhender ces deux matches avec la mentalité et la concentration voulue, tout comme nous sommes parvenus à le faire lors de nos deux dernières rencontres.

Le FC Chiasso n’a actuellement pas les capacités pour prétendre à une Super League mais on peut dire que c’est une excellente formation de deuxième division…

Oui, absolument. La formation est très prometteuse. Nous avons d’excellents joueurs avec des qualités rares. Je ne suis, de ce point de vue-ci, pas du tout préoccupé par la valeur que notre équipe reflète en championnat. Je connais le potentiel de notre groupe qui a réussi à produire du jeu et à faire de grands matches plusieurs fois lors de ce début de saison. Donc, je le répète, c’est vrai qu’aujourd’hui, nous avons un clair manque de continuité mais en relation avec notre objectif, nous avons largement de quoi le satisfaire. Évidemment, nous ne planifions pas la promotion mais nous visons une position qui saurait se ranger entre la quatrième et la septième place de cette Challenge League.

Venons-en alors sur votre formation. Alberto Regazzoni est sans doute l’un des joueurs les plus expérimentés de votre effectif avec diverses apparitions en Super League avec Young Boys, Saint-Gall et Sion. Comment jugez-cous son insertion au sein de cette équipe ?

Nous connaissons trop bien les qualités d’Alberto. C’est le typique joueur qui peut faire la différence sur le terrain et en Challenge League et il est en train de la faire. Après, comme je lui répète souvent, il doit constamment se donner à 100% dans son activité. Il doit se sentir sans cesse impliqué dans cette équipe car quand c’est le cas, il devient un joueur imprenable. C’est une personne qui a également les caractéristiques nécessaires pour guider les jeunes pousses de notre contingent. Il est donc, pour nous, une arme très importante.

Votre équipe-type se profilerait donc avec une attaque aux commandes du duo Regazzoni-Baldovaliev [ndlr, joueur bulgare avec diverses apparitions en première division macédonienne, russe, bulgare, israélienne, chypriote, arabe, etc…]. Mais lors des deux dernières rencontres, vous avez tenté d’avancer la position de Mariano Hassel, votre meneur de jeu favori, pour lui faire jouer le rôle de numéro neuf. Selon vous, Hassel [ndlr, joueur espagnol avec différentes apparitions en Challenge League à son actif avec Locarno et Vaduz] peut-il être un numéro neuf polyvalent pour votre formation ?

Tout dépend du module que je décide d’appliquer sur le terrain à chaque match et de la qualité de notre adversaire du jour. Mais Mariano Hassel est un joueur qui peut aussi bien se conformer dans une position au soutien de l’attaque que dans celle d’un « faux neuf », tout comme Messi le fait avec Barcelone. Mais notre effectif est riche avec Gaston Magnetti [ndlr, pensionnaire de Challenge League depuis 2007 avec Chiasso, Bellinzone et Kriens] — qui est blessé actuellement — Zoran [Baldovaliev], Janko Pacar [ndlr, ancien attaquant du FC Lucerne en Super League de 2007 à 2011] — qui est arrivé lors du dernier mercato en provenance du FC Winterthur — Salvatore Foti [ndlr, joueur perçu en Serie A et B avec Sampdoria, et autres équipes de seconde division italienne] que nous n’avons pas encore pu mettre à l’œuvre pour cause de sa blessure… Bref, notre contingent regorge de bonnes recrues autant à l’avant qu’à l’arrière.

Vous deviez jouer une match amical cet après-midi [ndlr, samedi 11 octobre 2014] contre la formation italienne du Calcio Lecco. Malheureusement la météo vous a contraint à renoncer à cette rencontre. On imagine que ce match amical aurait pu vous être bénéfique à titre d’entraînement. Cependant aurait-ce été l’occasion pour vous de faire tourner votre effectif ou bien, au contraire, de chercher une continuité en vue de vos deux bonnes dernières rencontres ?

Je vous l’accorde, les matches amicaux sont toujours des occasions pour rôder un peu nos tactiques, pour entraîner les joueurs, les faire jouer ensemble et les rapprocher. Malheureusement la pluie nous a fait faux bon aujourd’hui mais nous essaierons de trouver du temps en semaine pour faire un amical inter nos pour pouvoir mieux appréhender notre futur adversaire, le FC Schaffhouse.

Vous avez été un brillant joueur durant votre carrière, à la Juventus de Turin, à Barcelone et à Milan et vous avez été titrés à Berlin avec la nationale italienne lors de la Coupe du Monde 2006… Je rajoute à votre parcours l’écriture de autobiographie intitulée « Una Vita da Terzino » (« La vie d’un ailier », 192 pages, Kowalski, version italienne uniquement) qui est sortie en librairie en mai dernier… Comment imaginez-vous la suite de votre post-carrière en tant qu’entraîneur ou dans le monde du football ?

Pour tout vous dire, je ne regarde pas aussi loin. J’essaie de bien faire à présent avec mon équipe, le FC Chiasso. Nous essaierons ensemble de concrétiser notre objectif commun, c’est le plus important pour l’instant. Mais c’est une profession que j’adore et qui m’enthousiasme. Ça me donne, bien évidemment, l’envie de rester dans le monde du football qui est le mien. Mais ce qui compte pour moi, c’est de réussir dans le présent et pour ce qui concerne le futur, on verra quand le moment viendra. Parce qu’il est clair que si l’on ne fait pas bien dans le présent, le futur ne nous ouvre pas beaucoup de portes. Donc je regarde devant moi sans planifier mon avenir.

Merci beaucoup Gianluca pour nous avoir concédé cette interview. Un in bocca al lupo pour la suite !