Level Up: Vishal et l’humour romand en interview

Montage photo: Oreste Di Cristino

Pour sa première édition et sous la houle de Vishal, le « Level Up » a connu un franc succès ce jeudi 2 octobre au Lido Comedy & Club. Tirés chacun leur tour, les cinq humoristes par qui passera le renouveau du prometteur humour romand — Tamara Cesar, Edem Labah, Fabio Meyer, Bastien Cretton et bien sûr l’inénarrable figure indienne, Vishal — ont livré un sketch de leur cru de qualité diverse et de longueur fortement diversifiée selon les artistes. Tout cela comblé par l’arrivée d’une « guest star », Nathanaël Rochat, qui, tenant son rôle, a su rebondir sur les prestations de la soirée entière avant de présenter une partie de son cocasse spectacle. Coudoyé en fin de soirée, Vishal, père fondateur de ce nouveau rendez-vous de l’humour, est revenu sur « sa » très divertissante soirée.

Premier « Level Up » qui met en avant-plan la relève de l’humour romand…

Vishal: Exactement! Je me suis dit depuis que j’ai commencé à faire de l’humour qu’il fallait aller plus haut à chaque fois. Il faut tenter de nouvelles expériences. Je fais beaucoup d’improvisation théâtrale et à chaque fois qu’on fait de l’improvisation, on invente de nouveaux concepts, de nouvelles idées. Et cette fois, j’ai voulu tenter dans l’humour. Le problème principal est que lorsque l’on fait un plateau d’humour, c’est souvent cadré en sorte que les meilleurs passent au début, les moins bons au milieu et on termine avec quelqu’un de génial à la fin. Mais je pense qu’on peut casser ça. C’est à dire qu’on peut arriver sur scène sans définir au préalable un ordre de passages et on va dans le tas, on fonce. Et on regarde le déroulement des faits. La subtilité derrière cela est bien de créer une ambiance, un décorum qui rend la soirée intéressante. Il y a encore un peu de travail pour l’instant mais je pense que la soirée état réussite. J’essaie d’avoir les avis des autres et leurs critiques afin de pouvoir toujours s’améliorer pour, plus tard, aller plus loin avec ce concept et arriver à quelque chose. Ce que je voulais absolument était de pouvoir avoir assez de temps pour présenter notre univers parce que pas tout le monde a son one-man show — Edem est en train de construire son spectacle, Tamara également, Bastien en a un et Nathanaël, bien sûr, c’était le « guest ». Je suis donc très content d’y être parvenu et d’avoir pu organiser cette soirée au Lido qui est réputé maintenant.

Tu es venu plusieurs fois au Lido en faisant, à plusieurs reprises les premières parties de grands humoristes. En conséquence et par rapport aux autres, te sens-tu plus expérimenté ?

Vishal: Oui et non. Par la positive car je connais le fonctionnement du Lido et je connais aussi la salle mais par la négative car cela fait plus de trois mois que je n’ai plus rejoué. Et en rejouant, il y a eu un petit temps d’adaptation car on se ramollit. Je me suis gentiment réhabitué en jouant hier et la semaine passée, en faisant la première partie de [l’excellentissime] Monsieur Fraize. Ce n’était pas incroyable, je vais être honnête. C’était complètement différent de ce que le public attendait. Je les ai surpris parce qu’ils n’étaient pas venu pour moi mais il s’agit ici du challenge de celui qui ouvre le bal. Celui qui fait les premières parties, il doit surprendre dans son style et casser un peu les mœurs. Pour revenir à la question, il est vrai que j’aime beaucoup le Lido et que je commence à jouer un peu partout. En Impro, il est vrai que je joue pas mal en France et en Belgique. Tout se passe bien et je sens que si ça continue comme ça, je vais devoir réduire mon travail actuel — je travaille encore à 100% — parce que je n’ai vraiment plus le temps d’ailier mon travail et la scène.

Le sketch que tu as présenté ce soir a connu certaines modifications par rapport à ceux que tu avais joués il y a maintenant quelques mois. Tu as décidé de faire moins d’interactions avec le public ?

Vishal: C’est vrai que j’ai pas mal réduit de substance par rapport à avant. Je suis en pleine phase de réadaptation. Il y a une époque où j’allais en impro, ça partait dans n’importe quel sens et c’était génial. Et maintenant, j’aimerais bien revenir à ça. Ça prendra un peu de temps peut-être. Deux-trois semaines environ ou je ne sais pas. Mais pour l’instant je veux avoir des blagues solides et surtout un personnage, ce que je n’ai pas vraiment. D’ailleurs, j’ai joué hier avec Shirley Souagnon (ndrl, au Lab by Montreux Comedy au Lido) et Pierre Croce — le « PowerPoint man » — et on a beaucoup discuté au sujet de mon sketch. J’ai beaucoup déconné avec Shirley et elle m’a dit que j’étais un personnage, dans le sens que si je ne fais rien, je peux être drôle. Il faut donc que je joue là-dessus. J’ai également beaucoup discuté avec Monsieur Fraize et je crois que j’ai eu la meilleure conversation de ma vie. Cet homme est un grand fainéant et c’est cette fainéantise qui le rend créatif. Il peut jouer avec n’importe quoi (une porte, du scotch, etc…) Et c’est dans cette direction que j’aimerais me projeter; je veux jouer un ou deux personnage. Mon préféré serait celui de l’indien cliché mais j’aimerais qu’il soit également un peu différent des personnages qui courent déjà aujourd’hui sur les planches. Alors, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’humoristes indiens et il faut donc que j’exploite plus ma personnalité. Mais j’ai peur que ce ne sois trop facile. Arrivé sur scène et prendre un simple accent hindi-anglicisé ne suffit pas car c’est cet accent qui fait rire. Pas moi. Après bien sûr si je mets du contenu, c’est plus alléchant encore. Mais il y a encore beaucoup à travailler sur ce sujet et malheureusement, du temps, j’en ai pas beaucoup.

J’ai déjà été en Inde écouter de l’humour indien et c’est justement de l’hindi et de l’anglais mélangé et j’ai trouvé ça particulièrement faible au niveau du punch. Mais il y a des scènes qui sont sortis récemment et qui sont plus intéressantes. Par exemple, mon cousin qui vit en Inde fait aussi de l’humour et je trouve ça super drôle (rires).

Tu es entouré par tous tes camarades… Tamara [Cesar] , un mot sur la soirée…

Tamara: C’est toujours sympa d’être au Lido, c’est une jolie salle. Ça m’a fait c**** de passer en première (rires) mais c’était le concept du jeu et du coup, faut l’accepter. C’était une bonne expérience. Il y avait bien sûr beaucoup de tension derrière le rideau, du côté artistes. Maintenant reste à savoir si ça a été bénéfique ou pas. Au public de le dire.

Bastien [Cretton], ta perception…?

Bastien: Je dirais comme Tamara… C’était très tendu derrière le rideau. Juste avant que le précédent finisse, le cœur bat très vite. Fallait tenter de retrouver son calme tant bien que mal mais une fois sur scène, tout se passe bien. Le Lido est une très belle salle et c’était complet. Ça faisait plaisir à voir. C’était une très belle soirée et je remercie vraiment beaucoup Vishal d’avoir développé ce concept.

Vous êtes prêts à revenir tous ensemble bientôt?

Tous: À refaire !
Vishal: Tout dépendra des retours du public. J’en avais déjà discuté avec Thomas Lécuyer (ndlr, le programmateur de la salle) et il m’a dit que si ça se passait bien, on pourrait reproposer l’évènement à une fréquence raisonnable de deux mois. À voir! Tout dépendra également, bien sûr, du Lido. À la base, quand j’ai parlé au responsable du Lido, il m’a démontré sa motivation à le programmer à nouveau.