Olivia Moore: « Ce qui me passionne, c’est les relations entre personnes »

Défrayant la normalité et la routine de son propre foyer, Olivia Moore récite dans son spectacle un rôle qui n’a d’autres qualités que son authenticité. Son quotidien la passionne au point d’en faire le récit fulgurant en compagnie des spectateurs en quête de divertissement. Et quand on parle des enfants, de leurs gribouilles faciales, de leur inventivité comportementale en passant par la tendresse de leur innocence mais aussi par la figure plus endiablée et moins élogieuse de Golum (dixit l’artiste), on ne peut qu’esquisser un sourire entraînant joie mais aussi compassion. L’ambiance est agitée sur les planches, où Olivia nous remémore ses pires (mais surtout ses meilleurs) moments familiaux en compagnie de ses nombreux enfants. Rencontre avec une mère indigne.

Photo: oliviamoore.fr
Photo: oliviamoore.fr

Bonsoir Olivia, merci de nous concéder une interview en fin de spectacle. Comment vous sentez-vous après cette seconde soirée au Lido Comedy & Club ?

Et bien, c’est bizarre. Je me sens vidée et pleine d’énergie en même temps. Je sais d’ailleurs que je ne vais pas m’endormir assez tard mais être devant du public ça donne néanmoins de l’énergie.

Vous jouez sur scène le rôle d’une mère indigne, contente de l’être !

Oui, c’est l’originalité du propos. C’est complètement assumé. Je voulais aller un peu à rebours des sketches sur les mères qui sont débordées. C’est à dire que je suis débordée mais je fais n’importe quoi et tout le monde survit, donc tout se passe très bien.

Par rapport à d’autres artistes, vous n’avez pas à aller chercher très loin pour trouver matière à votre spectacle…

Ah, en effet ! Si on espère oublier son quotidien en venant voir mes spectacles, c’est raté (sourire). C’est vrai que je suis dans une totale observation de mon quotidien et ce qui me passionne, c’est vraiment les relations entre les gens. Ce spectacle s’appelle « Mère Indigne » parce que c’est mon personnage et c’est ce que je veux raconter mais au final, c’est vraiment un sketch sur la famille et sur les rapports qu’on entretient avec elle.

Et vous la prenez avec beaucoup d’auto-dérision « votre » famille…

Et bien, oui. Il en faut (rires)! Si je voulais me contenter de critiquer sans m’en envoyer un peu, ce serait un peu arrogant. L’auto-dérision est primordiale dans mon spectacle à tel point que je vais en rajouter davantage.

Est-ce la première fois que vous venez jouer ce sketch en Suisse ?

J’ai joué l’année dernière au Montreux Comedy Festival, mais il s’agissait seulement d’un petit extrait. Cependant, on peut considérer, ce week-end, que c’est la première de ce spectacle (en entier) en Suisse. Et j’espère que ce n’était pas la dernière parce que c’était vraiment super !

La première au Lido aussi ?

La première au Lido aussi, exactement. C’est grâce à Thomas Lecuyer (ndlr, le programmateur de la salle) qui m’a fait confiance en premier et je le remercie parce que c’est vraiment la chance de rencontrer un public dont on sent la motivation. Souvent, parmi les spectateurs, se trouvent des personnes qui estiment étrange que je les remercie. Mais il faut comprendre que ce n’est pas évident. Les gens font un sacrifice financier, engagent une baby-sitter et s’organisent pour venir me voir et c’est vrai que quand on se retrouve face à un public enthousiaste et qui a envie de rire, on devient automatiquement meilleurs car portés par ces derniers.

Une expérience donc nouvelle et pour vous et votre sketch qui est de ce point de vue-ci universel…

Et bien j’essaie. J’espère que c’est suffisamment universel pour que ça puisse parler à toutes les mères et tous les gens qui ont une mère.

Même aux pères d’ailleurs…

Oui, tout à fait! C’est vraiment un spectacle sur la famille! Considérant l’angle de vue, c’est celui d’une mère indigne. Tout le monde y trouve son compte finalement.

Déçue de ne pas voir d’enfants dans la salle ?

Alors oui, aussi ! Déçue car il n’y avait ni enfants, ni adolescents. D’habitude, j’ai vraiment des familles complètes qui viennent. Souvent c’est déjà des vagues de mères qui viennent et qui ramènent, par la suite, toute leur famille pour faire passer mes messages. Et c’est vrai qu’en présence d’enfants et adolescents dans la salle, on rigole beaucoup. Je ne me moque pas d’eux mais l’effet de mes vannes leur fait également rigoler car ils reconnaissent des choses qu’ils ont vues et reconnaissent aussi leur propre comportement et peuvent observer comment ceux-ci sont vécus par leurs parents.

Et ça fait changer d’avis peut-être…

J’espère (rires). Je n’ai pas cette prétention mais ce serait super !