Les « twins » ont brûlé les planches du Lido Comedy & Club en cette fin de semaine à la requête de l’opinion public quant à leur nouveau spectacle « Duo(s) » en pleine phase de rodage. Imitateurs chevronnés, Steeven et Christopher ont collecté, en les réadaptant, leurs meilleures interventions télévisées pour en construire un spectacle riche en interactions avec le public. Rencontre.
Première question: Comment peut-on vous différencier dans la vraie vie ?
Christopher: Alors, personnellement, nous, on pense qu’on ne se ressemble pas tant que ça. C’est surtout capillairement que ça se joue. Steeven a toujours, même sur les photos, les cheveux plus relevés que moi et il porte généralement des lunettes. Donc ce n’est aps si difficile de nous reconnaître dans la vraie vie.
Steeven: Christopher a des yeux qui retombent un petit peu plus. Physiquement, il a des yeux de cockers et sinon on a un centimètre de différence. Christopher est plus grand. C’est déjà bien comme différences…
Vous jouez un spectacle qui porte majoritairement sur la politique mais pas seulement. Vous imitez beaucoup de personnages. Vous considérez-vous plus comme imitateurs ou humoristes ?
Christopher: Alors, à la base, on est humoristes. Dans notre premier spectacle, on ne faisait aucune imitation. On a commencé à en faire dans l’émission de Laurent Ruquier, « On n’demande qu’à en rire », et on a constaté qu’on se débrouillait plutôt pas mal. D’ailleurs on n’imite pas vraiment. Je préfère dire qu’on parodie ou qu’on caricature les personnages que l’on joue. On prend leurs types de langages, leur type de voix et on essaie de se rapprocher le plus possible. Mais on ne prétend pas être des imitateurs purs comme Laurent Gerra, Nicolas Canteloup ou encore Yann Lambiel en Suisse. Notre deuxième spectacle tourne beaucoup autour de ça mais pas que. On joue également des curés et on adopte leurs conversations. Donc il s’agit vraiment de parodie et pour le coup, on est humoristes.
Steeven: Voilà. Ce spectacle est un vrai spectacle de caricatures où on voulait vraiment entrer dans la peau des personnages. Lors de notre premier spectacle, on était vraiment portés sur le duo Steeven et Christopher et on voulait vraiment ajouter du théâtre dans nos représentations dans notre rapport avec le public. On aime bien casser le quatrième mur et interagir avec le public. Par exemple, quant Christopher joue Fabrice Lucchini dans le spectacle, il va faire chier les spectateurs. Ça fait partie du personnage. Mais sinon, c’est vraiment marrant de prendre la peau du personnage que l’on reproduit sur scène et ça nous permet, en outre, d’étoffer notre bail d’expressions.
C’est peut-être plus facile de dérider les acteurs politiques…
Christopher: Oui, parce qu’en fait il faut s’attaquer aux puissants pour que le rire fonctionne. L’humoriste est pratiquement le seul à avoir ce pouvoir-là sur scène de dérider les acteurs politiques. Parce que tous ceux qui s’attaquent à un acteur politique de nos jours sont poursuivis pour diffamation ou je ne sais autre. Et nous, justement on ne risque rien parce qu’on est sur scène et qu’on a un pouvoir absolu tout en restant bien évidemment respectueux. On n’attaque par exemple jamais le physique ni même les choses plus graves ou délicates. Ça reste toujours sur de la dérision légère. Mais pas que les politiques. Par exemple, quand on parle de Gérard Depardieu, on se moque du fait qu’il soit parti de la France pour aller faire ses affaires en Russie. En fait, ça fait rire les gens parce qu’on dit tout haut ce que les gens pensent tout bas.
Vous avez débuté à Lille en 2011. Le fait de monter à Paris pour « Ondar » a soudé votre duo, vu que vous avez obtenu une reconnaissance nationale grâce à Laurent Ruquier ?
Steeven: Et bien le fait de faire de la télévision, nous a permis de gagner dix, voire quinze ans d’exposition, de visibilité et de renommée. « Ondar » était vu par plus d’un million de téléspectateurs donc ça nous a vraiment propulsé de participer à cette émission. C’était un super tremplin. Avant, on commençait à avoir une petite notoriété à Lille mais on n’avait pas percé à l’échelon national, ce qui est advenu après une dizaine de passages chez Laurent Ruquier. On a lors été appelés par des programmateurs de salles et le public a sympathisé avec nous grâce au petit écran.
Votre ancien spectacle, « The twin men show » a été écrit avant ou après votre notoriété empochée sur France 2 ?
Christopher: C’est une idée qu’on avait avant de faire l’émission. Faut savoir qu’on l’avait écrit en septembre 2011, on l’a joué pour la première fois en janvier 2012 et on est arrivés chez Ruquier en octobre 2011. Donc les deux faits se chevauchent. L’émission nous a juste aidé à remplir les salles en fait.
Vous continuez de jouer « The twin men show »…
Christopher: Oui. On va le jouer en Suisse en juin prochain au festival de Morges. On l’a joué à Genève aussi il y a un mois de ça. Ce premier spectacle, qui a déjà plus de 200 dates, tourné en France, Belgique, Suisse, Luxembourg, etc…, est joué plutôt dans les grandes salles et celui-ci (ndlr, « Duo(s) » – joué pour sa treizième date au Lido ce week-end) est encore en phase de rodage et est présenté encore dans les petites salles.
Donc « Duo(s) » est encore en pleine mise au point…
Steeven: Voilà, exactement. C’est un spectacle qu’on a commencé en septembre 2013. Au début, on ne devait faire que quatre dates de ce spectacle, à Lille. C’était vraiment un show de transition. Et comme notre premier twin men show ne reprenait vraiment aucun sketch d' »On n’demande qu’à en rire », on a reçu des feedbacks qui demandaient des extraits issus d' »Ondar ». On a donc fait une sélection de 10 passages sur les 46 qu’on a faits à la télé, on les a retravaillés puis on les a ordonnés pour un nouveau show, « Duo(s) » car le premier spectacle n’était pas un contexte idéal pour insérer tous nos sketches télévisés. Ce spectacle a ensuite fait son petit bonhomme de chemin et lors de l’été dernier, en septembre 2013, il a été présenté pour la première fois. Aujourd’hui, il a obtenu sa treizième date au Lido et on a encore une longue tournée de rodage — 40 dates encore — pour arriver ensuite à Lille dans un théâtre de 1’200 places.
Vous avez donc fait un véritable travail de compilation de tous vos meilleurs sketches au Moulin Rouge (ndlr, studio de « Ondar »), en les réadaptant bien sûr…
Steeven: Voilà. On voulait que les sketches soient familiers avec ceux qu’on a fait à la télévision mais pas exactement les mêmes. Parce que si on avait fait du copier-coller, ça n’aurait pas été très intéressant pour ceux qui les avaient déjà vus.
Christopher: Et comme c’est un spectacle sur l’actualité, ça évolue tout le temps et on a donc tout réécrit, tout mis à plat. On a repris les mêmes personnages mais on les a réadaptés à la scène parce que télé et planches ne sont pas pareils. Sur la scène, on a vraiment beaucoup plus d’interactions avec notre public et plus de folie. On l’a encore constaté ce soir ici à Lausanne. On aime vraiment sortir du spectacle de temps en temps et dialoguer avec l’assistance. Et en plus, je pense que le public apprécie également car ils se sentent peut-être plus concernés par le spectacle.
Steeven: Oui, et on se lâche beaucoup plus également car à la télé, on a qu’une semaine pour préparer les sketches donc il en résultait des ébauches toutes fraîches. Là, on a vraiment pris le temps de tout retravailler et tout réapprendre — 10 d’affilés quand même ! Donc, en somme, ça nous a permis de plus nous libérer surtout quand on sait que sur scène, on peut dire plus de choses qu’à la télé.
Pour conclure, peut-on dire que les petites salles sont plus faciles d’appropriation quand on « teste » un spectacle comme vous le faites ?
Christopher: Les petites salles ont cette vérité que seules les petites salles ont. On ne peut pas tricher avec le public. Si ils se marrent, c’est que c’est drôle. Si ils ne rient pas, c’est que c’est mauvais. Par exemple, dans une grande salle de 400 à 500 personnes, si la moitié rit — donc 250 — on va l’entendre sans pour autant percevoir qu’il y en a 250 qui ne rient pas. Or, dans les petites salles comme au Lido ce soir — environ 150 personnes — si la moitié rit, on va l’entendre mais on se rend tout de suite compte que l’unanimité n’est pas rejointe. Voilà pourquoi les petites salles constituent de véritables exercices pour les nouveaux shows en plein rodage. De plus, personnellement, nous aimons plus les petites salles que les grandes. On aime vraiment cette proximité avec le public. Après, bien évidemment, le but est de pouvoir se produire dans de grandes salles mais on continuera toujours, même plus tard, à revenir rôder dans les plus petites.